Goûter avec Diabeł (Diable)
Entretien avec Jan Bujnowski, réalisateur de Diabeł (Diable)
Qui est le diable dans ce film, et qu’est-ce qu’il représente ? Pourquoi avoir choisi de le décrire ainsi ?
Dans mon film, le diable représente tous ceux qui traquent les faiblesses de chacun et cherchent à en tirer profit. Son apparence est déterminée par l’époque où se passe l’histoire, je savais donc dès le départ qu’elle serait très déroutante pour le spectateur. Son costume est à l’image beaucoup de choses dans la Pologne des années 90 : ça veut faire sérieux, mais en fait c’est plutôt drôle. On peut toujours observer ce genre de personnages de nos jours en Pologne, seuls les déguisements et les manières d’agir vont différer.
Pouvez-vous évoquer le contexte de l’histoire ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de la raconter ?
Le récit se déroule quelque part en Pologne dans les années 90, soit un temps où les gens tentaient de s’accommoder à une nouvelle réalité. La crise économique, le taux de chômage élevé et l’hyperinflation constituaient quelques uns des facteurs sous-tendant un sentiment général de doute. J’ai lu beaucoup de documents et de témoignages sur cette période en Pologne et ça m’a inspiré cette histoire, qui n’est probablement pas arrivée, mais reste vraisemblable.
Pouvez-vous nous parler de vos choix esthétiques, notamment de la photographie ? Quels moyens avez-vous utilisés pour produire cet effet rétro des années 90 ?
Sachant que ce récit nécessitait une esthétique visuelle spécifique et qu’il faudrait reproduire d’une manière ou d’une autre la sensation des photos des années 90, nous avons décidé de tourner en 16mm et d’utiliser des objectifs d’époque. Je tenais aussi à filmer en décors naturels, avec le moins possible d’adaptations, j’ai donc passé beaucoup de temps en repérage à l’extérieur. Il était également important de choisir avec soin les costumes et les accessoires pour ce voyage dans le temps.
Qu’est-ce qui vous inspire en tant que cinéaste ? Quelles histoires avez-vous envie de raconter ?
J’aimerais raconter des histoires qui aient l’air un peu étranges ou surréalistes de prime abord, mais se révèlent simples et universelles sitôt qu’on s’y intéresse de plus près. En tant que spectateur je n’ai pas de goût spécifique, j’admire une grande diversité de films. Je dirais que je suis toujours à la recherche de ce que vont m’inspirer des films différents de tout ce que j’ai pu voir auparavant.
Quel est votre court métrage de référence ?
C’est une question très difficile : je suis passionné de courts et j’essaie même d’aborder ce sujet dans mes études scientifiques, j’en ai donc regardé des milliers, probablement plus que de longs. Si je devais n’en choisir qu’un, je choisirais Tolya de Rodeon Brodsky, pour son charme et sa tendresse, qui se révèlent là où on ne les attend pas. Une forme simple qui renferme beaucoup d’émotion.
Que représente le festival de Clermont-Ferrand pour vous ?
Cela compte beaucoup pour moi, car c’est une occasion de regarder des courts du monde entier et de rencontrer leurs auteurs. Je suis très impatient !
Pour voir Diabeł (Diable), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I3.